lundi 27 mai 2013

Pena Rueba : Début de voie

C'est peu enthousiaste et motivé que je pars rejoindre Jean Pierre pour essayer d'aller ouvrir une nouvelle ligne à la Pena Rueba. Je me dis qu'encore une fois, cela va être journée galère avec son lot de stress, de passages d'artif sur des crochets branlants ou des points foireux, des attentes phénoménales aux relais et pour couronner le tout, être obligés de revenir pour terminer.
Rien qu' à l'approche, JP voit vite que je ne suis pas d'humeur conquérant mais plutôt ronchon. Le passage sous l'éperon Gallego n'arrange pas les choses et je broie du noir en me disant que l'on pourrait passer une bonne journée en le grimpant.

Éperon Gallego avec sa ligne équipée en V+


Notre future ligne se situe 2 éperons plus loin, en face Nord Est. Arrivés au pied, je suis découragé et signifie au chasseur d'ouverture que rien ne m'est accessible  et que je n'ai pas envie d'en chier toute la journée pour faire 10 mètres et prendre 3 plombs au risque de me faire quelques bobos.
JP essaie de me motiver en m'annonçant que la cotation de départ ne dépasse pas le IV. Avec l'expérience, je me méfie de ses annonces alléchantes car à  vrai dire, plusieurs fois, je me suis fais avoir: son IV ou V se sont vite transformés en 6C ou séquence artif.
JP comprend alors qu'il doit prendre les commandes s'il veut commencer la voie

Notre éperon avec un départ décalé un peu sur la gauche



Mais pour accéder à la paroi, il faut grimper sur les arbres et ça je le fais très bien.

 
Cette première longueur nous ramène, par une traversée de gauche à droite, sur le fil de l'éperon. La compacité des lieux impose la pose de spits et seul un arbuste servira de point naturel. Le relais se situe  sous une niche occupée par un jeune vautour qui semblait un peu inquiet.

Première longueur





Un supporter de JP dans la niche du dessus


"Relais". Pas mécontent de démarrer , car je commence à me les cailler sérieux. A ma grande surprise, le rocher est assez sain et sculpté à souhait pour travailler l'adhérence.
Cette première longueur m'a donnée du baume au corps et décide de partir à l'aventure dans la longueur suivante.
L'impossibilité de mettre des points m'oblige à spitter dans cette longueur qui se raidit franchement. Je me surprends à prendre beaucoup de plaisir à grimper et tire pratiquement 50 mètres sur ce bon rocher.

Deuxième longueur


Mais voilà, l'éperon étant à l'ombre et venté, JP grelottant propose de redescendre avant de finir en hypothermie. Il faut bien l' avoué, encore une fois, nous l'avons joué à la looser en prenant qu'une polaire pour deux et en laissant les bonnes vestes chaudes à la voiture.

Pena Rueba et Riglos, de bien jolis coins.



Cette fois ci, c'est certain, la prochaine fois, je reviendrais avec le sourire mais en attendant, en raison des conditions en montagne, il est fort à parier que le weekend prochain, je ressors les piochons et les crabes.

mardi 14 mai 2013

Vignemale : Couloir Arlaud Souriac

A mon ami Jean Thomas et sa compagne Marie

Face Nord du Vignemale le 12 Mai 2013


9 Mai 2009 et 13 Mai 2013. Quatre ans déjà. Deux dates qui ne me sont pas anodines. La première correspond à mon évacuation d'urgence par les airs du refuge des Oulettes, suite à un sérieux problème cardiaque. La deuxième est le jour de mon ascension du couloir Arlaud Souriac avec Laurent. Juste un bel espoir pour tous les gens qui ont été "récupérés" après avoir fait une mort subite.

"- Eh, vous la bas, où allez vous comme cela?
-Eh bien, à l'Arlaud.
-Je suis le contrôleur du Vignemale, vous avez votre ticket?
-Euh, non. Il faut le prendre où?
-A Lourdes.
-Mais, on ne va pas aller à Lourdes pour un ticket maintenant.
- Ah non? Et bien vous attendrez que ceux qui ont le ticket passent, et seulement  s'il  reste  un peu de quoi s'amuser, vous pourrez y aller.
-Ah bon, mais ils sont nombreux devant?
-Pas mal
-Ah! Mais ils sont en vacances de l'autre côté?
-Non, au chômage.
-Merde, c'est chiant ça pour eux.
-Oui, et surtout pour vous aujourd'hui."

C'est un peu la situation imagée dans laquelle nous nous retrouvons avec Laurent, au pied de la rimaye.Mais aujourd'hui, on se la joue philosophe. Déjà, soyons heureux d'être là car encore une fois, Laurent me fera le coup de la panne de voiture la veille, juste au lieu dit la Raillère.
Et puis on se dit qu'avec toutes les cordées qui sont passées ( juste 12 le dimanche), la ligne doit être propre, que les gars et les filles qui sont ici doivent savoir grimper et que du coup, avec un peu de chance, on ne se fera pas trop bombarder. Il aura fallu quand même recadrer nos prédécesseurs avant de se faire atomiser les têtes.
Autant le dire d'entrée de jeu, la voie est dans des conditions EXCELLENTISSIMES , lissant les difficultés et rendant , il faut bien l'avouer, la grimpe plus facile et plus plaisante. La glace est tellement abondante et surtout bonne, que l'on broche où bon nous semble et selon nos humeurs. Pour les piochons, plus besoin de taper, il suffit juste de les mettre dans les trous et de tirer dessus tandis que pour les pieds, des marches sont faites dans les passages raides. Que du BONHEUR : zéro question, 100% plaisir.
Par contre, le passage de la rimaye va vite devenir problématique. Aujourd'hui, elle se passe par la gauche dans les rochers grâce à un petit couloir de glace; glace qui aurait tendance à disparaitre en mille morceaux avec la fréquentation.

Départ au dessus de la rimaye


Première longueur en glace. Action.



Deuxième longueur avec ambiance





Ces deux longueurs techniques nous déposent dans la goulotte médiane. Nous faisons cette deuxième partie en corde tendue avec de beaux passages à 70° par endroit.


Et puis vient ensuite une dernière longueur qu'il faut négocier avec un passage en placage pour retrouver la dernière partie du couloir, qui à  ce jour se remonte bien en neige dure.


Sortie par la petite porte



Retour bien tracé avec passage obligé devant la face nord du Vignemale : un régal pour les yeux.


Pour info, le Gaube est faisable avec un petit passage en rocher assez délicat vers la sortie et la goulotte Lechêne est en condition.
Autre info pratique: le petit déjeuner au refuge est servi de 3h30 à 4h30 pour les grimpeurs. Ceux qui souhaitent éviter la foule aux pieds des voies en partant plus tôt doivent amener leur petit déjeuner.

Matos: 8 broches, quelques friends jusqu'au n°1 et pitons variés. Nous avons utilisé qu'une seule fois un coinceur.


dimanche 5 mai 2013

Pic Anayet : face Nord

FUERTE ASKO!!! Ceux sont les mots lâchés par un des espagnols, ébahis et hallucinés, quand ils m'ont vu sortir de la face avec mon pantalon explosé et un seul piolet à la main. Surement que pour eux, il n'y avait pas l'ombre d'un doute, le demi tour s'imposait.

Après une approche plus ou moins commode sur une neige plus ou moins porteuse, nous sommes heureux de rencontrer des traces d'une cordée, au pied de la face, qui prend de la hauteur et surtout la direction de la voie.

Le pic Anayet avec ses faces Est à l'approche puis Nord.




Nous contournerons la barre centrale par sa gauche pour récupérer au dessus un  couloir (50°) qui bute sur le fronton rocheux se situant dans l'axe du sommet, juste avant les premiers ressauts.

Olivier, avec sa veste de guide, en action dans le couloir.


Très rapidement, nous rejoignons la cordée espagnole qui commence à attaquer  les difficultés.
Au niveau du second de cordée, je cherche une faiblesse sur la paroi qui me permettrait de faire un relais. Mon collègue ibérique me montre alors, un peu au dessus, une cordelette encerclant un rocher. La bonne affaire est juste là. Cependant, assez méfiant de ces bouts de ficelle décolorée, je décide de monter pour renforcer le relais en mettant une sangle. Je dégage la neige dans les interstices, passe ma sangle façon lunule et commence alors la fameuse histoire d'amour " je t'aime, moi non plus". Subitement le rocher est pris d'un amour foudroyant pour ma pomme et se jette sans ménagement dans mes bras, amour me faisant tomber à la renverse, pour m'attirer vers les abimes de le face.
Mais ayant déjà une fiancée et n'appréciant pas les cœurs de roc, après quelques glissades accompagnées de roulades, je parviens à m'arrêter et laisser filer ma prétendante.
Après un ptit bilan et contrôle technique ,  je remonte pour rejoindre Olivier qui prend en main la suite de la course.Dans ma liaison éclaire et sulfureuse avec mon amie pierre, j'ai perdu un piolet Simon de type Naja ( peut être qu'une bonne âme...).

La suite est sympa avec 2 ressauts en neige dure et glace d'une quinzaine de mètres chacun où il faut être un peu attentif car par endroits, les piochons (ou le pour le lésé) traversent la structure.Nous avons fractionné cette partie en 2 pour éviter de marcher sur les espagnols, mais la section ressauts peut se faire en une longueur de 50m.

Les ressauts






Dernières longueurs tirées à corde tendue


 Summit avec le guide


Summit avec " el Terminator"


Sur les conseils, forts judicieux , des espagnols, nous descendrons en suivant l'arête pour éviter le passage avec le câble, passage très exposé dominant les barres rocheuses.
Le retour fût long et mes hématomes aux jambes commencent à réveiller quelques douleurs.
Pour l'époque, la montagne est très enneigée et les massifs comme ceux de la Telera ou du Balaitous sont gavés comme au mois de février. Pour info, on chausse encore les skis dès la voiture au cirque de Anéou.

Massif Balaitous


Encore de belles corniches



Et notre fierté locale, enneigée comme en plein hiver



Info course: difficultés techniques concentrées sur une longueur ou 2 si on fractionne avec coup de cul à 70/75°
Prendre quelques friends de petites à  tailles moyennes. Jeu de coinceurs et 2 ou 3 pitons en cas.
Descente par l'arête ( cairn) assez facile avec quelques pas de désescalade à la fin.