lundi 31 août 2015

Pic de Aguila: face Nord façon moderne


Sentiments très mitigés au sommet.
D'abord, un grand bravo à l'équipe Suéno Vertical qui a réalisé un travail titanesque en remettant au gout du jour cette ancienne voie ouverte au début des années 60.
 Un grand chapeau bas aux ouvreurs qui à l'aide de seulement pitons, coins de bois, chaussures cuir, persévérance et ténacité, ont tracé une ligne assez directe dans cette paroi raide et imposante.

Face Nord du pic de Aguila


Pour ce qui est du rééquipement de la voie (avec autorisation des ouvreurs), il semble qu'il fasse polémique car trop proche.
Chose sûre, c'est que nous, nous étions très contents de voir et d'avoir surtout tous ces spits. Car il faut bien l'avouer, si l'équipement avait été plus aéré, nous aurions sonné le clairon de la retraite dès la troisième longueur.

Durant toute la grimpe, nous sommes restés tendus comme des strings, sur la réserve sans pouvoir se lâcher et tout le temps sur la défensive, que l'on soit en tête ou non.
La physionomie de la voie avec son rocher douteux, souvent terreux voire mousseux et les rétablissements fréquents sur les vires d'herbe, nous a vite poussé à nous mettre en mode survie avec une seule idée en tête: ne pas se faire mal ici et sortir vite. Du coup, autant vous dire que l'on a pratiquement tout clippé sans rechigner.

Les 2 premières longueurs sont bien teigneuses  et chauffent vite les avant bras. La cotation de la voie tourne dans le 6b pour le libre avec un ou deux pas de 6c (départ de L8). Malgré l'équipement proche, nous sommes d'accord avec Jean Pierre pour dire que la voie demande un peu de "métier".

Bref, nous n'avons pas adhéré et on se demande si le jeu en vaut la chandelle, si tout ce travail vaut vraiment le coup pour ce type de voie. L'avenir nous le dira et on souhaite, pour l'investissement de Suéno Vertical, que nous nous trompons.

Visite guidée

L1 + L2: 6b+ / 6c





L3: 6a+



L4 / L5 : V / V+



L6: Longueur traversant un jardin suspendu avec l'aide d'une corde fixe.
L7: 6a





L8: 6a A0 ou 6c


L9: 6a A0 Le rocher est très bon mais vous avez toujours un pied dans l'herbe ou un rétablissement  à effectuer en tirant sur les touffes herbeuses.


L10: 6a A0 avec un départ en dülfer et une soirée mousse plus haut.



L11 et 12 Passage en artif du toit puis sortie très attendue. On n'a pas utilisé les étriers et Jean Pierre pense qu'il est possible de passer en libre.



Reliques historiques



Jean Pierre toujours à l'affut du gain de poids



Descente bucolique en prenant au départ la voie normale puis en suivant les points bleus et le sentier cairné pour finir.

L'aiguille vue à la descente

vendredi 28 août 2015

Pic de Riguelo: nouvelle voie "Divine surprise"


Il y a des sommets avec certaines faces qui ont le don d'exciter l'imagination de Jean Pierre sur des futurs tracés virtuels "Rioresques", surtout quand ces dernières possèdent une sacrée gueule.
Le pic Riguelo fait partie de ceux là et je dois l'avouer, sa face Nord est dantesque avec sa raideur défiant toute gravité et son aspect lisse avec pour seules possibilités de conquêtes ses fissures qui la raient de bas en haut.

L'objet du délire délice.


Riches de notre expérience d'ouverture sur ce sommet avec "3 chaussons pour 2 riguélos" sur la face d'à côté, on se dit que cette fois ci, on va vraiment en chier.
Je me souviens de ma réponse lorsque la première fois il me montra la face et me confia de partager son projet avec moi: " Trop dur, appelles Jean".
Malgré l'attrait du projet, je ne me voyais pas passer des heures à attendre aux relais, porter d'énormes sacs avec un max d'attirail, monter des stratégies pour progresser à notre prochaine venue en espérant finir et donc bien sûre d' y consacrer du temps sachant que JP ne me lâcherait plus jusqu'à finition.

 Mais voilà, pour son grand bonheur, je suis capable de changer d'avis après réflexion bien murie et lui rappeler la chose à temps voulu.

C'est avec tout le matos d'artif que nous sommes au pied de la paroi.
A notre plus grand étonnement, la fissure convoitée est assez large et semble se grimper sur un bon bout de temps en libre.

La fissure:



 Je démarre et progresse assez vite grâce à une multitude de bonnes surprises: des prises en veux tu en voilà, un caillou sain et des grandes possibilités de protec. D'ailleurs, seul bémol - qui éclate bien Jean Pierre - la pose d'un spit à la sortie d'un bombé  qui aurait largement pu s'éviter si j'avais mieux cherché la prise cachée. (quelle quiche kich)

L1 et JP qui imite Superman avec sa cape rouge





L2: Idem que L1 pour les bonnes surprises, du coup, en 3 sauts de puces, on atteint l'objectif du jour que l'on s'était fixé à la voiture car je ne voulais pas rentrer à minuit chez moi.





L3: elle part sur la gauche pour aller chercher un dièdre que JP a remarqué du bas. Traversée facile avec ressauts en IV+ . Relais sur terrasse ( 1 spit)


L4: Le dièdre tant convoité mais aussi le plus teigneux de la voie.



La sortie du dièdre débouche sur l'arête faitière. La suivre  pour monter au sommet en allant toujours au plus simple. ( pas de III puis II)


Summit


Un sacré beau pays que Jean Pierre et moi affectionnons particulièrement.






Le topo réalisé par Jean Pierre



Descente: du sommet suivre l'arête jusqu'à atteindre une profonde brèche puis plonger sur la droite dans un grand  couloir qui descend à l'aplomb du refuge militaire.

"Divine surprise" naquit et moi je ne rentrerai pas à minuit mais à 1 heure du mat. Quand je dis que le suis capable de changer d'avis après réflexion bien murie...



lundi 24 août 2015

Riglos: pas de bras, pas de Visera


J'ai toujours pensé que la grimpe à Riglos était typique style "bourrinos" et que dans pas mal de voies, il ne faut pas trop réfléchir mais surtout avoir du braquet, des brandillons, des bras quoi.
La Visera ne fera pas l'exception à la règle, et loin de là.

Je ne sais pourquoi, mais un jour - un jour d'égarement surement -  j'ai dis à Jean pierre que j'aimerais parcourir El Zulu démente, histoire de voir à quoi cela ressemble cette dite casquette de la Visera. Moi qui suis une véritable calamité dans les voies athlétiques...

Comme la météo annonçait de la pluie un peu partout, Jean Pierre me proposa d'aller donc faire El Zulu car nous y serions à l'abri des gouttes.
Mais la météo ibérique est plus clémente qu'on voulait nous le faire croire malgré quelques billes d'eau qui s'écrase sur le sol sec durant notre approche. Au fur et à mesure de notre avancée verticale, le soleil se montrera de plus en plus généreux au point d'enclencher une certaine déshydratation des protagonistes de ce jour.

Chose rare, nous serons les seuls ce samedi dans la Visera.

Jean Pierre eut la très mauvaise idées de me proposer deux possibilités de départ. Comme je ne suis ni courageux, ni téméraire, je choisis le départ le plus facile par "Mosquitos" afin d'économiser mes petits, mais vraiment tous petits biceps.

Jean Pierre dans les deux premières longueurs de Mosquitos qu'il considère comme une marche d'approche, marche d'approche d'ailleurs très patinée.








A R2, on profite bien de ce  bon replat car à partir de là, c'est le dévers permanent avec des relais peu conforts.

C'est parti pour L3



Il enchaine L4 et L5. Moi le point 4 et 5.



De plus en plus déversant



Le topo, pourquoi faire? Il n'y a qu'à suivre...Ce ne sont pas les prises qui manquent.


Jean Pierre dans la dernière longueur qu'il réussira presque à l'enchainer s'il n'avait pas du récupérer quelques dégaines pour sortir du toit.




Pour ce qui est de ma prestation finale: juste grandiose. Remontée sur corde à partir de "Buitrera" avec un pendule d'anthologie d'environ d'une dizaine de mètres de la paroi avec plus de 200 m de vide sous les fesses.

Encore une grimpe qui conforte mes idées: Riglos / Bourrinos.




mardi 18 août 2015

Pic Riguelo: nouvelle voie "3 chaussons pour 2 riguelos"


Je grimpe la 4 ième longueur et je ne sais pourquoi, d'un coup, sans prévenir, je subis l'assaut de deux explosions intersidérales, plutôt cérébrales, qui ont pour conséquence ,au choix, de complètement me cramer le cerveau ou de l'éteindre façon trous noirs du cosmos.

Ce qui est certain, c'est que je suis au plus mal, au point de ne plus savoir ce que je branle ici, oxydé total des neurones.
Par instinct de survie ancré au plus profond de mes entrailles, j'arrive à coller un spit béton et fais les yeux doux à Jean Pierre pour qu'il passe devant finir cette satanée longueur en II comme il dit souvent.

Arrivé à mon niveau, on refait l'échange standard du chausson ( dont le nom de la voie) puis il part terminer cette longueur  environ 8 mètres au dessus en rejoignant la base des deux dernières longueurs classiques de l'éperon Ouest.

Donc autre anecdote de la journée, à R1, Jean Pierre perd un chausson et comme il n'est pas du style à se dégonfler pour si peu de chose, on met une stratégie en place: quand il est second, il grimpe avec 1 chausson et une chaussure, et quand il passe devant, je lui file mon chausson  qu'il me renvoie par la suite.

Chaussons rouge et jaune ou P42 et P43 ou bête de compétition et écrase merde.


Mais il aura eu bien raison d'insister le père Rio, car on est assez fiérots de la voie avec une longueur L3 superbe.

La voie se trouve dans la face Nord ouest du pic de Riguelo et débute 20 à 30 mètres sous la brèche  par une grande fissure.

La face et le topo de Jean Pierre





L1: Elle remonte une superbe fissure pour passer un petit bombé qui vous débarque dans une conque puis au pied de la grande fissure de L2. Relais confort sur une petite vire. 4 spits en place.




L2: Très belle. De R1 partir sur la droite une vire ascendante (fissure bouchée) pour revenir en traversée sur la gauche choper la dite  fissure et la remonter jusqu'à une petite niche  située au pied d'un grand dièdre. 1 spit. Les quelques touffes d'herbe et de saxifrages ne sont vraiment pas gênants. Que de bonnes surprises pour la protec.





Après échange standard du chausson, la longueur "cerise sur le gâteau", la crème des crèmes avec son dièdre fissuré.
L3: Départ en dalles puis la remontée du dièdre pour déboucher sur une zone couchée. 4 spit dont 2 sur les dalles et 2 dans le dièdre.




Le dièdre vu du haut: il a dit majeur Jean Pierre


L4: Ne pas aller chercher le spit sur la partie gauche du fronton car c'est le tracé de la voie d'artif du coin.
Pour éviter d'aller "polluer" cette voie, il faut remonter de gauche à droite une écharpe qui bute sur un petit mur, le franchir, et finir par la droite pour arriver au niveau du couloir qui mène aux 2 dernières longueurs de l'éperon Ouest. 2 spits.

Photo de JP. Ma pomme avant l'explosion ou l'implosion, je ne sais plus....


Descente: 2 possibilités. Soit vous montez au sommet et tracez par l'autre côté, soit vous faites comme nous: descendre en 1 rappel le couloir de droite qui mène au pied d'un petit gendarme et de là taper un autre rappel dans le petit couloir cheminée qui vous ramène à la brèche et au pied de la face.

Pour conclure, une belle journée bien remplie pour une jolie voie dans un superbe cadre.