jeudi 22 décembre 2016

Bielsa: petites aventures glacées et braquage à l'anglaise


Je n'avais jamais mis un coup de piochon à Bielsa et voici qu'en trois jours, j'y suis allé deux fois.
A vrai dire, il y a plein de choses que je n'avais pas réalisé avant d'aller à Bielsa: prendre en photo un radar automatique, histoire d'inverser un peu les rôles et ouvrir une bagnole un peu capricieuse de façon frauduleuse à coups de piton et de fil de fer.

C'est donc dimanche que j'ai fais connaissance de ce haut lieu local de la grimpe sur glaçons avec la célébrissime cordée des frangins Naegelen.
Sur place, on se rend compte que les glaçons sont noyés dans le pastis et qu'il n'y a pas grand chose d'accessible pour se rafraichir les lames, avec dans la globalité du secteur, des lignes marquées mais pauvres en substance ou / et riches en ruisseaux.

Cela sentait fort le But quand j’aperçus vers le fond un panneau blanc grisâtre qui semblait assez conséquent pour aller le titiller.

La Daurada que nous remonterons au mieux selon disponibilité de la matière par la droite en 4 longueurs. (photos des frangins)


Laurent dans L1


Fabien dans L2



Les frangins à un relais (un zeste typés patibulaires digne d' un western de Sergio Léone )


 Et moi par là


Descente aisée en faisant le tour par le plateau du haut.

Et puis voilà que j'y retourne ce mercredi avec cette fois ci Olivier et Jean Pierre. Sur place, on retrouve avec bonheur Henri, qui la dernière fois a partagé un brin de corde avec nous, a pris plusieurs mois en congé sabbatique forcé sur son canapé.

L'objectif du jour est d'ailleurs de faire une des voies que Henri a ouverte en 2003: Longs cheveux.
Mais pour que le jour de nos retrouvailles reste bien ancré dans sa mémoire, il fallait bien qu'il nous arrive encore un truc hors norme.
Une fois prêts, on range les quelques affaires inutiles dans la voiture, Jean pierre ferme les portes et la fermeture centralisée s'enclenche....avec les clefs à l'intérieur.

Le garagiste de St Lary ne veut pas monter au tunnel nous aider car surement pas assez de pognon à prélever.

Voilà comment en quelques secondes, des gens honnêtes tombent dans la petite délinquance de seconde zone en forçant l'ouverture d' une  voiture à coups de pitons et de fil de fer trouvé sur place.

"Oui Monsieur le procureur, Monsieur le juge, mes clients sont d'honnêtes gens que la société à transformés en monstres. Ils s'attaquent aux voitures pas par plaisir mais par obligation. A y réfléchir, les coupables ce ne sont pas eux mais le garagiste, le système financier, la bourse, le capitalisme, l’appât du gain , l'argent etc, etc,etc. Je vous demande donc, Monsieur le juge et Monsieur le procureur, la relaxe afin qu'ils puissent aller taper du glaçon dans un avenir proche et non des petites vieilles. Merci".

Bon, ceci dit, on sait maintenant comment ouvrir une Logan de l'extérieur avec un piton cornière, du fil de fer et le tout sans l'abimer ( et ce n'est que notre premier braquage, c'est pour dire la facilité...)

Séance pitonnage et Henri mort de rire.



 Bon après ce moment de distraction, on repasse aux choses sérieuses: Longs cheveux.
Depuis dimanche, il semble que la ligne est prise un peu plus de matière. On trouvera de nombreuses traces de passages dans la voie.

Longs cheveux et son père géniteur à son pied



 La bande dans L1 qui se redresse doucement mais sûrement.



Olivier à notre R1 avec au fond les panneaux de sortie


Notre L2 pour aller chercher le panneau de glace initial



Henri et Jean Pierre décident d'aller inaugurer un nouveau rideau sur la gauche avec une grimpe au soleil.



Olivier dans ses œuvres sur le panneau de sortie.




Une belle journée, qui je crois, restera dans les annales.
Pour la voie, prendre 8 broches, 2 ou 3 friends de tailles variées et 2 ou 3 clous.
Pour la Logan, prendre un cornière et 80 cm de fil de fer.

A son départ, Henri nous lâchera qu'il savait maintenant comment on fonctionnait. Il a de la chance car nous, on ne sait toujours pas...!







lundi 12 décembre 2016

Pic d'Aspe: voie Cristal oscuro Un plan B cinq étoiles

Pour un plan B, ce fut un sacré plan B! Aussi bien que le plan A, voire mieux.
Le plan initial était la voie "Edil" dans la face Nord du pic d'Aspe. Et puis au bout de 30 mètres, c'est retour case départ pour mauvaises conditions.
On plie bagage et on entame la traversée pour aller se taper la face Nord classique.
Dans notre traversée, on passe sous les fabuleux plaquages verticaux de la voie Cristal oscuro, voie qui correspond au dièdre Yarza en été.

Face Nord pic d'Aspe avec Edil à gauche et au centre, les plaquages de "cristal oscuro "



Louis, qui nous devance, va au pied de la rampe de départ, juste pour voir et donne quelques coups de piochons très prometteurs.
On se dit que peut être....
La rampe à 55/60° plaquée par une neige couic couic est vite avalée. La suite semble vraiment en état et on décide de sortir les cordes et de tenter le coup.



Cette fois ci père Rio prend les choses en main, et je dois avouer (même si cela me fait bien chier), il a mené la danse d'une main de maitre dans une voie pas facile avec parfois  des sections engagées.

Notre L1: Un plaquage au démarrage assez conséquent pour finir comme peau de ... je ne sais quoi. Dans ma reptation, je me ferais balancer dans la stratosphère pour cause de RTT du petit glaçon que draguait mon piochon. La présence de 2 ou 3 spits de la voie d'été aide bien le côté psycho.





Après ce petit amuse gueule, place au plat de résistance avec L2: M6 85° ce jour avec neige par endroits un peu capricieuse.




Un beau toboggan  vu de R2


Ambiance dominicale






Pour le dessert, notre L3 tout en neige bien couic couic: un rêve compris entre 70 et 80°




Maintenant, ça se couche sérieux avec la fin des difficultés pour ensuite récupérer la face Nord classique, qui du coup, ressemble plus à de la pente de neige.





Summit. On en revient toujours pas. On vient de réaliser une des voies les plus enviées par les grimpeurs espagnols locaux sur un coup de dé, alors que certains la pistent depuis  plusieurs années.


En matos, il est préférable de prendre un bon jeu de pitons divers, 2 ou 3 broches courtes, un jeu de friends et micro.
Descente par la voie normale côté français pour retrouver les voitures à Candanchu.
Un sacré plan B cinq étoiles!!!


Comme qui diraient les frangins "Hasta luego companeros" y gracias por este joyeria.

dimanche 4 décembre 2016

Antécime Dec de Lhurs: goulotte Little Big Road TD+ M5 90°

Je ne pensais pas que cela se ferait aussi rapidement dans le temps.
Ni moi d'ailleurs, car jusqu'au pied de la voie, la pleureuse de jean Pierre n'y croyait pas et sortait depuis la veille ,toute une panoplie d'arguments de défaitiste d'octogradiste pour argumenter le soi disant futur but. Autant vous dire qu'il a bien été chambré toute la journée par la suite.

Moi, j'étais plus en confiance car j'avais vu la ligne la semaine dernière avec Louis et il nous semblait que ce n'était pas mal du tout. Et puis aujourd'hui, il y a dans notre aventure, "Hugguy les bons tuyaux", et Lui, c'est une valeur sûre dans le choix des courses. Il ne sort jamais les pioches ( identiques à ceux de Jeff Mercier, c'est pour dire) pour juste les aérer.

A force de descendre en rappels cet été dans ce couloir, on se disait qu'il devait présenter un morceau de choix en hiver avec des passages assez techniques en raison de sa raideur dans sa première partie. On n'a pas été déçu.

Antécime du Dec de Lhurs et la goulotte.



Au pied, on se rend vite compte que la partie ne va pas être donnée et qu'il va falloir s'employer si on veut faire un petit quelque chose.
Le départ direct par les plaquages nous semble très aléatoires en raison de leurs épaisseurs et d'une possibilité de protection dans ce cas de figure qui frôle le nul.
J'opte alors pour remonter une large ligne de fissures sur la droite qui permet plus haut de rejoindre la goulotte et surtout de se protéger correctement.

L1: M5 85° 30m  Une longueur de dry, histoire de chauffer les lames et les pointes. R1 à monter sur le bord droit de la goulotte.




L2: Olivier prend le relais et se tape une longueur superbe en neige bien dure avec un ressaut en mixte à franchir. M4 85° 25m. R2 à monter. Au milieu de la longueur, on zappe un relais de descente.





L3: A voir du bas, l'histoire est dans la poche. Heureux comme un petit garçon qui reçoit son cadeau de Noël, Jean Pierre démarre après avoir pris une nouvelle rafale de moquerie sur son pleurnichement de pessimiste antérieur.
Pour une longueur qui doit rouler, il doit se démener pour passer les ressauts avec parfois des protections peu évidentes à installer. Par la suite, on comprendra pourquoi: il faut se méfier des visions du bas!!! M5 90° 40m. Relais décalé sur la droite déjà installé pour les rappels des voies d'été.




Louis, dernier à faire cette longueur, nous explique qu'après nos passages, des blocs de neige s'étant faits la malle, il a du user abondamment des techniques du dry et des blocages de genoux.

Nous sommes maintenant dans la deuxième partie de la voie constituée par des pentes de neige dans un petit cirque.
Pour gagner un peu de temps et éviter une paire de manip au relais, Jean Pierre décide de tirer une autre longueur. Au bout d'un moment, il se met à faire la danse du chien de chasse: à droite, à gauche, il monte, il redescend puis décide de faire relais. Le terrain est juste miné par des dalles compactes recouvertes de neige peu ou pas transformée. Vraiment,il faut se méfier des visions du bas.

L4: 50 / 60°


L5/L6 pouvant être doublées en fonction du cheminement pris: 25+15 ou 40m  50/60°.
Cette fois ci, Jean Pierre me rend les brins sans scrupules et à moi de jouer avec ce terrain de merde.
Doucement, délicatement,à grands coups de nettoyage j'arrive à prendre de la hauteur et trouve des solutions pour progresser sereinement et me protéger correctement.
Dans cette ascension d'escargot, je pense à tous ceux qui ont pris un but dans "les délinquants de l'inutile", après avoir sorti les grosses difficultés et butté à la fin en raison de conditions similaires à celles que nous vivons aujourd'hui.
Avec des plaquages bien transformés et une neige dure, cette partie doit être qu'une formalité. Il est sûr que dans ces conditions, si les pentes avaient été plus raides, on ne sortait pas la voie.

Sur la crête, un petit vent froid nous cueille et après avoir mis en place un relais pour le rappel, on prend tous la direction du bas en empruntant ce coup ci les relais suivants déjà en place pour arriver aux sacs la nuit tombante.

Le topo de la voie fait par Jean Pierre



 Une belle petite voie de mixte qui a tout d'une grande. Comme disait une pub: mini Mir mini prix mais il fait le maximum.
La pleureuse ne pleure plus et moi je jubile.
C'était une belle journée d'alpi sur le nouveau spot de grimpe de la vallée d'Aspe.