jeudi 23 novembre 2017

" Et au milieu coule une rivière"

Surement influencé par ma dernière et récente lecture  du livre de Norman Maclean "Et au milieu coule une rivière", c'est l'image que j'ai eu en voyant ce couloir, scindant en deux parties pratiquement égales cette montagne du Val d'Arrius.
Jolie rivière à l'état solide, nous obligeant de troquer les cannes à pêche contre les piolets et les cuissardes contre des crampons.
Ce couloir, je l'ai remonté plusieurs fois, souvent en début de saison car le manque de neige, le rend plus intéressant techniquement.
Cette année, pas d'exception à la règle, et cette fois ci, j'irai avec Fabien, qui je sais, adore ce genre de parcours mixte.

Après environ 1h45 d'approche, nous voici donc à son pied. "Et au milieu coule une rivière" prend alors tout son sens. En bas, comme dans un estuaire, les eaux sont calmes, navigables et puis, en remontant vers la source,on s’aperçoit qu' elles perdent des dénivelées à coup de grands sauts parfois avec de grands remous, de grands fracas et comme souvent, au départ, la rivière est ru, prenant doucement vie, comme  ce couloir qui prend naissance sur ces pentes terminales de cette montagne du Val d'Arrius.


Le couloir démarre doucement pour se redresser  et aller buter dans son tiers sur un premier mur. Jusque là, la neige porte bien puis sous le ressaut elle est de type plutôt semoule, nous obligeant à un petit nettoyage pour trouver de quoi faire un relais et pouvoir ensuite passer.




La suite est composée de rampes entrecoupées de ressauts en mixte ou en glace.






Summit après environ 300m d'ascension



Descente facile par les pentes opposées qui ramènent au Val d'Arrius.
Si le couloir n'est pas très difficile techniquement ( D à ce jour), la problématique est la pose de la protection et la mise en place des relais par endroits en raison d'un caillou parfois compact et par manque de glace. Cela n'enlève rien ( bien au contraire) au caractère sauvage de la course.
Pour la balade, prendre un jeu de friends jusqu'au n°C2, un petit jeu de coinceurs et 3 ou 4 pitons variés ( broches à ce jour facultatives).
Mais dans le secteur, il n'y a pas que l'esthétisme du couloir qui fait que je traine mes fers là bas; il y a aussi autre chose, une belle présence envoutante avec des projets ...


dimanche 19 novembre 2017

Arguis, Cienfuens, Anies, weekend ibérique.

Le weekend dernier, nous sommes partis avec JP en Espagne avec l’optique d'aller terminer une voie d'artif à Cienfuens.
Étant partis tard, et afin de rentabiliser la journée avec son quota de grimpe, on passe par la falaise d'Arguis, histoire d'aller se faire deux jolies voies du secteur: Con coco Alicantes et Aliana. Si la météo était moyenne à notre arrivée, elle s'améliore fortement en cours de journée grâce à un bon vent du Nord qui nous fera parfois garder la doudoune pour grimper.

Arguis et ses belles dalles toujours aussi hallucinantes.






Le lendemain, c'est donc direction Cienfuens avec tout le matos d'artif.
Sur place, la décision est prise de passer par une voie juste à côté pour aller récupérer notre dernier relais afin de gagner du temps en évitant de se taper de nouveau la zone surplombante de L1 en artif.  
Au bout d'une dizaine de mètres, JP partira avec un méga bloc pour pratiquement s'écraser au sol la tête en bas. Contusionné et un peu groggy, on arrête là les frais et c'est retour voiture.
La bête blessée mais n'étant pas morte, reprend doucement ses esprits. Ne souhaitant pas perdre la journée, elle propose d'aller du côté de Anies pour aller grimper une voie facile, sans trop d'approche afin de ménager ses blessures ( physiques et morales).

Virgen de la Pena: fisura Urraca  140m 6a+.

Voie pratiquement équipée ( prendre tout de même C 0.75, 1; 2; 3 car points aérés par endroits)










Le weekend se termine est au bout du tunnel, c'est la pluie qui nous accueille.
La bête, blessée, devra un peu se reposer pour récupérer mais ne vous inquiétez pas pour elle, elle a le cuir dur.
Pour ma part, hier j'ai troqué mes chaussons contre une paire de crabes et la magnésie par une paire de piochons. La saison hivernale est officiellement déclarée ouverte.





dimanche 5 novembre 2017

Muraille Sud du Ramougn: du raisin sinon rien...





Dernier touché de caillou en altitude pour cette saison avant l'arrivée tant annoncée et attendue de la matière blanche.
Envie de sortir de nos sentiers battus et de caresser autre chose que le calcaire, on se rend à Cap de Long avec l'objectif de faire "les poupées russes".
Dans la vallée, on prend le temps car s'il faisait 18° sur la côte à 6h du mat' (fort vent du Sud), à St Lary, le mercure taquine la barre fatidique du seuil de congélation. On part sur le principe qu'il faut laisser le temps à la face Sud de la Muraille du Ramougn de se réchauffer.

Sur place, on cherche la fameuse sangle noire qui permet de repérer la fissure de départ. Ici, au pied de la paroi, tout se ressemble.
"En veux tu, en voilà" des fissures, des surplombs, des possibilités de démarrages. Mais rien qui nous permet - à nos yeux- de distinguer le bon et les faux départs.

On cherche, on scrute, on fouille du regard, on fait des vas et viens et l'heure, indéniablement tourne.
Cela ne sent pas bon pour notre orgueil, alors à défaut de jouer avec les poupées russes, nous irons prendre une grappe de raisin et pas n'importe laquelle: Raisin d'Ours.

Jolie petite voie facile, équipée, se déroulant sur un très beau rocher dans un cadre magnifique avec à ce jour le massif du pic Long saupoudré.



Pas d'indigestion de raisins puisque la voie est courte et qu'après un peu plus de 1h30 de grimpe, on sort de table avec un sérieux creux au ventre.





Vraiment, un très joli cadre qui ne nous fera pas regretter le voyage.