dimanche 20 novembre 2016

Mixte ossalois

Après avoir vu défiler sur le net quelques photos montagne du coin, j'ai pensé qu'il était peut être judicieux  de passer en mode hiver et d'aller dépoussiérer les piochons, décrotter les godillots et enlever la rouille sur les crabes.
Mais pour cela, il fallait dénicher un truc au dessus de 2000m et en face Nord, tout en évitant le secteur Taillon qui doit être scruté par des dizaines de paires d'yeux.

Avec Louis, on connait un petit couloir sympa dans le Val d'Arrius qui répond à ces critères.
En hiver, quand il est plein, il ne présente pas de difficultés et comme dit un certain octogradiste : "c'est de la pente de neige."
Mais nous ne sommes pas en hiver et le couloir n'est pas plein.

Le couloir en question:


Jusqu'à sa partie médiane, le couloir présente une pente à 45° qui va buter sur un ressaut, porte d'entrée des difficultés avec des passages intéressants en mixtes.

Entrée du couloir:



Le ressaut qui ouvre la porte sur un peu de technique:



Toboggan au dessus du mur:


Longueur suivante de 40 m en mixte (mais où est la pente de neige???):



 Ambiance froide mais sympatoche :



Dans la partie supérieure:






A la sortie, un joli belvédère sur le secteur Ossau, Ansabère, Palas, Balaïtous:




Descente: du sommet suivre l'arête vers la gauche sur 30m pour choper un petit collet qui permet de descendre par des pentes un peu raides dans le petit cirque en versant Sud puis à vue jusqu'au vallon d'Arrius.

Si d'ordinaire, c'est de la pente de neige, la cotation de ce jour doit tourner autour du D. Les conditions sont très bonnes avec une neige bien dure, un peu de glace et des ancrages bétons dans le mixte.
Pour la balade, prendre un jeu de friends de tailles moyennes jusqu'au n°1, quelques micro, coinceurs et 2 ou 3 pitons variés.  Dans son ensemble, le rocher présente de bonnes possibilités de protections.







lundi 14 novembre 2016

Du côté de Cienfuens....

Fuyant une météo française plutôt assez maussade ces derniers temps, petit bain d'UV ibériques sur une paroi aux couleurs chaudes.










mardi 1 novembre 2016

Ogono, Cap de Long, paradis du grimpeur.








Je n'aime pas la mer. 
J'avais souvent entendu parler de cette falaise, pas très loin de chez moi, qui domine d'un jet vertical l'océan. Je n'étais pas pressé d'y aller puisque la scène ne se déroule pas dans un massif montagneux; et puis moi la mer, j'en bouffe toute l'année.
Maintenant, il me tarde d'y retourner à la mer, à cette mer, au Cabo Ogono exactement.
Là bas, pas de touristes aux odeurs de crèmes solaires, bardés de la glacière, du parasol et de la bouée pour des gosses qui braillent parce que leur boule de glace vanille s'est écrasée sur un sable bien collant.
Non, pas de touristes mais de drôle d'individus avec des casques vissés sur le crane, des cordes en bandoulière,des baudriers remplis de ferrailles et des chaussons de danse pour un ballet vertical.

Au bout de 20 minutes de marche, elle est là, pas loin, cachée par la végétation. On entend en contre bas  les vagues qui la frappent  puis d'un coup, elle se dévoile, progressivement, avec ses 200 m de raideur d'une insolence extrême, défiant l'horizontalité de l'Océan.



Son ombre qui se reflète sur le brouillard qui recouvre la mer lui donne encore plus de puissance  et me fait penser un peu à un Cervin qui étale son "Moi" sur une vallée envahie par une mer de nuage.



Maintenant, elle est là, très belle et son caillou....fantastique.
Autant dire que tous les sculpteurs de la planète ne pourront donner ce rendu. Des fissures, des bacs, des réglettes, des taffonis, des trous et un crépi à gouttes d'eau extraordinaires avec une solidité  irréprochable.

Pour continuer d'alimenter ma contemplation, Niko me propose de commencer par une première voie en 5 longueurs avec une cotation ne dépassant pas le 6a+: Indépendatzia.
 

L1: Ressaut assez raide au départ puis une traversée sur un crépi en gouttes d'eau hyper adhérent.






L2: Tout droit pour franchir un petit mur par la droite et aller chercher le relais au pied d'un dièdre cheminée.



 Pendant ce temps, le brouillard se lève et la magie apparait.



 L3: Il faut remonter le dièdre jusqu'à sa partie médiane et partir à gauche pour gravir une superbe dalle fissurée derrière.


L4: Zuzen comme ils disent ici puis une virée par la droite un peu fine mais avec un caillou très adhérent.



On prend de la hauteur avec des horizons verticaux


L5: Tout droit et c'est physique


Après une petite contemplation sommitale, on remet le couvert en allant faire une ultra classique du coin: Gavietas V+ max mais pas donnée.

Le départ se situe 30 mètres plus à gauche de Indépendatzia et commence par une belle fissure un peu patinée.



L2: Physique. Il faut sortir les watts pour franchir au départ un surplomb suivi d'un pas pas très simple pour accéder dans le dièdre;




L3: Joli mur à gouttes d'eau.



Dernière longueur avec une traversée facile au départ puis tout droit la sortie.



Les deux voies effectuées sont équipées et il suffit de prendre une douzaine de dégaines.
Comme dit Niko, les cotations sont ici un peu sèches et il vaut mieux être à l'aise dans le 6a pour grimper sereinement d'autant plus que les points sont assez écartés parfois.

Merci à Niko de m'avoir emmené dans ce petit coin paradisiaque et de m'avoir fait aimer la mer le temps d'une journée.
Attention, une réglementation est appliquée sur les périodes de grimpe pour ce site en raison de la nidification des oiseaux.

Autre lieu, autre caillou, mais toujours très beau: Cap de long.



Avant que l'hiver arrive définitivement, nous sommes repartis avec Louis tâter du granite à la Muraille du Cap de long.
A notre arrivée, la muraille brille de milles éclats avec un soleil qui lui chatouille le grain. Cela tombe bien, car au barrage, les flaques d'eau ont vêtu leur carapace de gel.

Comme par enchantement, de toute la journée, nous serons la seule cordée dans la muraille.

Ayant donc le choix, nous partons pour "Embarquement immédiat".
Que dire si ce n'est que le caillou est très bon et que la voie présente une L3 fort sympathique avec sa traversée qui demande un bon placement de pieds.

Pour l'anecdote du jour, L5 est pour moi. C'est la dernière longueur et Louis m'indique de mémoire 2 possibilités de sorties: à gauche en 6a+ ou par la droite en V.
Orgueilleux que je suis, je tire à gauche, passe un premier surplomb et me trouve au pied d'une dalle  raide. J'accède à la dalle en franchissant un deuxième petit surplomb et très vite je me retrouve dans une situation d'équilibre précaire.
L'angoisse me monte car le prochain spit est très haut et je ne peux maintenant reculer ou tomber sous peine de me scratcher sur la vire de dessous.
Je grimpe  en me mettant en mode "fuite en avant" et en espérant que mes brandillons vont tenir jusqu'au prochain spit salvateur qui me semble effroyablement loin.
Après quelques frayeurs et le trouillomètre à zéro, je clippe mon sauveur qui maintenant m'évite un sacré retour au sol.
C'est drôle, car sur tous les commentaires sur cette voie, aucun ne parle de cette dalle qui pour moi ne correspond pas à la cotation annoncée.
Je finis la longueur en grimpant point par point, les bras explosés. Louis me rejoint tant bien que mal et lui fais part de mon doute sur la cotation.
On redescend au pied de la dalle pour prendre les spits qui partent à droite et sortir la voie.

6A+ qui disent la sortie de gauche. Je suis dépité et surtout je me dis que "kich" je suis, "kich" je resterai.
En regardant le topo qui était resté en bas avec les sacs, je me rends compte que la dalle ne fait pas partie de la voie convoitée mais de la quatrième longueur de  "Cabaret Sauvage" que l'on croise.  Une annotation y est  spécifiée pour cette longueur: mémorable et prendre friends pour compléter (6C).
Mon moral reprend du poil de la bête.

Embarquement immédiat:





La fameuse dalle L4 de Cabaret Sauvage




  La vraie dernière longueur de Embarquement immédiat




Là aussi, un cadre magnifique avec de belles couleurs automnales pour finir une saison de grimpe et en débuter une autre sur des structures différentes.