lundi 28 janvier 2013

"Bricolage" et cafétéria à Benasque

Trois semaines d'attente, quelques centaines de kilomètres, des heures de route, un weekend avec Jean Pierre et tout cela pour ça. Je rentre dans ma deuxième phase dépressive , d'autant plus que je sais que l'on a loupé , et peut être le seul de l'hiver, un super créneau pour faire des voies tant convoitées que d'autres ont pu parcourir... En roulant, il est vrai, on s'en doutait que nous allions faire du bricolage mais l'espoir de taper du glaçon était quand même présent grâce à quelques infos que nous détenions. Arrivés sur place,ça démarre mal: les stations de ski locales sont fermées en raison du très fort vent et certains axes routiers sont fermés pour cause d'avalanches. Notre choix est alors limité aux cascades de Ardones après un premier passage à une cafétéria pour les cafés et une montée sur route enneigée. Mais "the Pilot JP", sur mes conseils, arrivera à nous mener à bon port. Quelle équipe...de bras cassés que nous formons. Morts de faim que nous sommes, nous braverons le vent (100 km/h) pour aller retracer les tranchées de Verdun à l'approche et espérer ne pas être ensevelis par ces nouveaux sables mouvants.Il parait que la veille, il y avait une superbe trace faite par plusieurs cordées...
Après une bonne bagarre pour pouvoir arriver, le premier mur du bas avec sa fameuse cascade et son site de dry.
Il est incontestable que les lignes formées sont sur les panneaux supérieurs, mais la quantité de neige et la traversée au dessus de la barre nous incitent à devenir prudents et à s'essayer au dry.
Le retour sera toujours aussi laborieux car nous serons obligés de refaire la trace, disparue pratiquement dans sa totalité en raison du transport de neige par le vent tempétueux du jour. Nous débuterons la soirée dans les bars de Benasque et finirons à la cafétéria devant des platos combinados tout en analysant les derniers comptes rendus, apparus sur le net,des voies réalisées par certains avant les fortes chutes de neige. Vu les conditions du jour, demain sera ski vers Cerler.
Nous remonterons un petit vallon en partant du haut de Cerler, pour aller sur des crêtes à proximité, tout en jonglant avec des zones chargées en neige et d'autres pelées comme le crâne d'un chauve. Nous regagnerons la fourgon avant l'arrivée d'une nouvelle dépression ( météo cette fois ci) pour finir de nouveau à la cafétéria à Benasque.
En conclusion:un bon weekend avec 15 mètres de dry et quelques virages de ski sur une neige pas terrible. Avec le rocher, c'est plus simple...

vendredi 11 janvier 2013

Gérard, si tu me lis...

Mai 2009,je remonte le col des Mulets en skis avec Louis. Lors d'une conversion, je fais un début de vertige et mon rythme cardiaque s'emballe. Je n'ai jamais dépassé l'altitude du Mont Blanc, mais mon essoufflement est tel que j'ai l'impression d'être sur un haut sommet himalayen. Retour laborieux au refuge des Oulettes et évacuation d'urgence en hélico sur Tarbes où je quitterai momentanément la vie pour revenir dans ce monde après avoir été " choqué". Ce malaise cardiaque me coutera 25 jours d'hosto après transfert sur Bayonne pour finir dans un hôpital à la pointe de la médecine du cœur: le Haut Lêvèque à Bordeaux. .Au passage, j'hériterai d'un défibrillateur sous les pectoraux et d'un suivi médical semestriel ultra poussé. Mercredi 9 Janvier 2012, le toubib, assisté d'ordinateurs et d'écrans, ballade ses sondes dans mes ventricules, juste en passant par une artère, sous petite anesthésie locale et sans chirurgie. Il établit avec précision une cartographie interne de mon cœur et pratique des actes pour supprimer définitivement les imperfections cardiaques me concernant. je réalise à ce moment que je suis un privilégié qui bénéficie d'un plateau médical de haute technologie, mené de maître par toute une équipe avec un énorme savoir faire. Je réalise que dans le monde,surement beaucoup de gens doivent encore mourir d'une simple appendicite ou d'autre problèmes de santé qui , pour nous, seraient soignés en deux temps et trois mouvements. Je réalise aussi, que depuis 2009, en commençant par mon secours en montagne, jamais on ne m'a demandé mon numéro de compte bancaire ou une caution parentale pour enclencher les soins. Aujourd'hui, je prends réellement conscience de la chance que j'ai de vivre en France, de pouvoir bénéficier de sa protection sociale, de ses services médicaux et de participer indirectement à cette solidarité nationale qui permet à nous tous d'être soigné quels que soient le statut social, professionnel, religieux ou la couleur de peau. Merci à tous. Même si parfois il y a des abus dans le système, ou que je râle lorsque je paie mes impôts, je dois avouer que du coup, je suis bien heureux de ne pas être de nationalité russe et de ne pas résider en Belgique. Alors, Gérard, si un jour tu me lis....

samedi 5 janvier 2013

Pic de Culivillas : Face Nord, Nord Ouest

"Bon j'y vais" dixit Jean Pierre. " Tu plaisantes? T'as oublié les broches et moi j'ai pris les pitons, alors, tu me files le matos et c'est moi qui me torche le dièdre, et si t'es sage, je te laisse le panneau au dessus." C'est avec un grand étonnement que JP me passe le matériel sans râler ou ronchonner sur le moment. Je n'en crois pas mes oreilles et sans tarder, avant qu'il réalise que je risque de faire la plus belle longueur et pas lui, je prends mes piochons et dégage au pied du dièdre avec son lot de glace qui me tend les bras. Au tintement du premier piton, un flot de jurons me remonte aux oreilles: il vient de réaliser.
Attaque du dièdre: fabuleux
Sortie du dièdre
Comme je suis sympa et que je ne sais si c'étaient des jurons ou des encouragements, je décide de faire relais et de laisser le panneau de sortie à JP. Presque il m'a embrassé...
La suite est plus facile avec juste un ressaut en mixte où je dois m'y reprendre à 2 fois en m'obligeant a faire un peu d'acrobaties pour éviter d'aller tester la résistance de l'air sous le regard amusé au début de JP puis ensuite plus tendu.
Sur la fin de la goulotte, une longueur facile se fait plutôt sur rocher et herbe.
Et puis 2 heures après le départ de la voie: SUMMIT
Vue d'en haut: Pala de Ip
L'éternel Ossau
Vers l'Anayette
Et puis la face avec sa goulotte et le dièdre bien visible
Nous remercions les Espagnols qui auront fait la trace jusqu'au pied de la voie en partant 2 heures avant nous. Comme quoi, parfois, se lever très tôt n'est pas toujours justifié... Ce samedi, la goulotte est en très bonne condition. Prendre 5 à 6 pitons variés, des microfriends et des friends de petites tailles + petits coinceurs.Broches facultatives.

Vallée d'Aspe : table des 3 rois

Ce vendredi 4 Janvier sera une journée ski. Avec les forts vents en altitude depuis plusieurs jours et la nouvelle funeste provenant de Gourette, il vaut mieux être prudent ces temps ci et bien choisir les lieux où mettre les spatules. Encore une fois, mon choix se portera sur le cirque de Lescun ( à croire que j'y ai un abonnement cette année)et sa fameuse table des 3 rois par le vallon d'Anaye. Contrairement à il y a un mois, j'ai pu garer la voiture au plateau de Sanchèse sans être dans l'obligation de me taper la piste à l'aller comme au retour. La montée dans le bois se fait skis sur le sac pour les chausser sous les cabanes. Ici aussi, les vents auront chahuté le manteau neigeux en formant un peu partout des plaques ou simplement mis à jour des grandes zones caillouteuses. Mais la lune était là pour me saluer.
Le vallon d'Anaye
Je passerai par le col de gauche ( col des Ourtets)
Au col, des vagues gelées
Arrivée sous la table et le pic des 3 rois
Les skis seront laissés sous la table pour finir avec les crabes (début du plateau de fruits de mer amené sur la table). Vue sur le pic depuis la table:
Vue sur le Dec de Lhurs et son vallon.Attention à l'imposante corniche
Différents panoramas:
Eh oui, c'est bien le pic d'Orhy au fond.
Descente plus ou moins agréable en jonglant entre les neiges accumulées sans consistance, les neige tôlées et les cailloux. Mais grand plaisir de retrouver un coin de paradis dans ce secteur de Marmittou avec son confortable abri.
Jolie ballade avec ses 1350m positif. Utilisation des crampons pour accéder à la table. Malgré les nombreuses plaques, pas de danger particulier si on reste en fond de vallon.

mardi 1 janvier 2013

Dec de Lhurs : couloir Est

Il y a parfois des courses d'alpi méconnues qui mènent aux sommets de montagnes sans grandes renommées, mais qui sont à elles seules des hymnes aux voyages. Leur difficulté devient secondaire tant on en prend plein les mirettes par la beauté des lieux lors de leur ascension : Le Dec de Lhurs avec son couloir Est en fait partie. Plutôt facile, la remontée de ce couloir sera agrémentée de plusieurs passages en mixtes et de quelques coups de piochons dans des touffes d'herbe en raison du manque de neige. Ci joint le topo fait par benoit Dandonneau lors de l'ouverture.
Pour donc "voyager" dans ce monde merveilleux, je serais accompagné par Laurent et Quitterie. Laurent fait partie de ces gens qui m'ont toujours fascinés en montagne par leur facilité, leur technique et leur aisance. J'ai vécu de très bons moments avec lui dans ce milieu vertical. Il me restera d’ailleurs, gravé au fin fond de ma caboche, certaines sorties dont une fameuse Quintana après bivouac ou bien une soirée dans une cabane, les pieds en éventail devant un bon feu pour se préparer psychologiquement à se taper la face Nord de l'Arbizon et ... bien d'autres. Quant à Quitterie.... Elle ne râle pas, marche et grimpe bien, porte le matos et surtout partage son casse croute sans que je le lui demande. Alors... ça mérite une photo.
Après avoir laissé la voiture au pont Lamary, et grâce à une connaissance des lieux( fruit de plusieurs errances dans ces bois à chaque tentative),nous serons rapidement au pied du couloir (1h)
Chose bizarre, sa base est défendue par un énorme bloc coincé.D'habitude, c'est juste une pente de neige. Quelque chose nous fait dire que ce n'est donc pas gagné et que la tâche sera plus compliquée que prévue. Mais à vrai dire, cela n'est pas pour nous déplaire.
Nous le passerons par sa droite avec un petit passage en mixte qui se fait bien en plaçant quelques crochetages, histoire de croire que nous maitrisons le dry.
La suite est un appel à la grimpe sur une neige dure avec quelques passages variés. Nous avons tout simplement savouré avec des paysages magnifiques qui se dévoileront petit à petit, au gré de notre progression.
Sortie du couloir et pentes terminales
Arête finale
Summit et paysages grandioses sur 360°
De la Marère au fin fond de l'Ossau
Ansabère
La table des 3 rois
Le Visaurien
Le Dec de Lhurs
Après être redescendus du sommet par sa voie normale, nous entamerons la descente à la voiture par les pentes raides et herbeuses qui dominent le vallon de Pedain; rapide mais secteur fort avalancheux. Matos utile: 2 à 3 pitons variés, quelques micro friends et friends jusqu'au 1 et jeu de petits coinceurs.