Parfois, certaines cartes des menus agrafées à l'extérieur des restos sont capables de me donner envie de mettre un coup de fourchette quelque soit l'heure de la journée, tellement qu'elles sont alléchantes que dis je, plus, aguichantes.
Mais voilà, une fois que tu as le nez dans l'assiette, c'est limite intoxication alimentaire tant c'est pourri pas bon et pas frais.
Certaines voies en montagne, c'est un peu du pareil au même: le topo donne envie mais l'intoxication ( ou intox tout court) est au rendez vous.
Cela faisait plusieurs semaines, si ce n'est d' années que Louis me parlait de cette "merde" de voie.
A la lecture du topo, je savais que, rien qu'aux noms de certains ouvreurs, on allait se mettre dans la galère. Déjà, dans le passé, je voulais réaliser une de ses conquêtes et par deux fois, je n'avais jamais trouvé le pied de la ligne, ou fis le sanglier dans l'approche et multiplia les temps par deux.
Il est vrai que d'en bas, les dalles du pic sont belles.
Oui mais voilà, la ligne les évite en restant sur l'extrême droite et en passant derrière l'éperon.
Sur le topo, il est indiqué un temps d'approche de 1 heure. Conformément à la règlementation en vigueur, on mettra 2 heures et toujours en jouant les sangliers, sur un terrain parfois herbeux et très raide avec une probabilité élevée d'en prendre une bonne derrière les oreilles: un parcours digne d'un Indiana Jones. Faudra quand même nous expliquer les 1 heure....sur ce bordel de terrain......
Bref, après avoir jouer avec nos nerfs et un peu notre santé, nous arrivons au pied de la voie.
La première longueur remonte un dièdre couché en IV+
IV+ qui disent hein??????
Le départ sera très laborieux avec une fissure que je dois nettoyer pour poser ma protec, bien réfléchir où je dois poser mes pieds pour éviter l'humus local et par déduction les zipettes intempestives. L'humidité de la fissure combinée au terreau du coin fait que pour 40 mètres, je dois mettre pas moins de 10 points. Quel petit joueur ce Six.
Sortie de L1
La longueur suivante commence par un bon petit mur avec des fissures occupées par de l'herbe, du trèfle, du réglisse mais rien de bon pour caler les pieds sans lâcher quelques "putains" quand ils décident de se faire la male.
Arrive le passage clé avec sa fissure à poing qui disent. Nous, on y a mis carrément la jambe, la tête et la tache ne fût pas simple.
Au dessus, je ne vois plus mon compère mais en fonction de la progression, des wagons de jurons et de râles me parviennent aux oreilles.
Dans quelle galère on s'est mis encore? Sur le papier c'est donné en V et si Louis devait faire la course avec un gastéropode, mon pari s'orienterait sur le baveux.
Et puis, après un trèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèès lonnnnnnnnnnnnnnnng moment, j'entends le cri du bonheur :"Relais".
Une fois sorti de la fissure, j'aperçois Louis très à droite, en haut d'un semblant de dièdre très ouvert et surtout une réchappe déjà installée. Pas très bon signe tout ça.
Cette fois ci, c'est moi qui vais gueuler comme un putois. Pour rejoindre Louis, il faut monter sur des dalles bien pourritos en herbe et faire une méga traversée ascendante sans grande possibilité de protection et sans se la coller si possible car sinon c'est le méchant pendule avec scratch assuré sur les terrasses inférieures.
Je me chie dessus et pense à ces foutus pitons que j'ai laissés en bas.
Avec les tripes en vrac, j'arrive à trouver du rocher pour rejoindre le relais composé de 3 pitons dont deux détenant des anneaux pour le rappel. Tiens donc!!!!!
La terrasse et les fissures suivantes ayant une tendance pour la culture des cucurbitacées, et trouvant un peu con de se mettre un râteau ici, - même si le terrain s'y prête au râteau - nous décidons de retrouver le vrai caillou, c'est à dire la raillère du bas.
Maintenant, on comprend mieux la réchappe en place.
Ouf, on touche enfin du bon caillou
Pour la descente, on repère la fameuse cuvette d' arbres morts et on cherche le fameux couloir de descente. Là aussi, on se met terreur sur des pentes bien merdiques.
Pour éviter la connerie et finir aux services des urgences à Oloron ( si on nous retrouve dans ce bordel sans nom), on remonte et prenons la décision de revenir par où nous sommes arrivés.
Pour finir en beauté, on se fait un peu d'accrobranche.
Voilà comment 2 heures après nous arrivons de nouveau à la voiture avec quand même quelques belles images en tête.
Et dire que sur le topo, il est écrit jolie petite voie de montagne.....
Notre sentiment est sans appel: approche et retour de merde pour une voie de merde, un topo intox, et une notoriété d'un des ouvreurs ( qui se permet de faire la moral à JP sur la vraie grimpe) qui en prend un coup... mais ça, on s'en doutait un peu avant.
Si vous aimez les plans à la con: prendre 15 pieds de tomates, 15 de piments, 1 râteau, 1 bêche et un arrosoir en plus des jeux de friends. Pitons divers et variés fortement conseillés.
De cette formidable journée de grimpe, j'en sors 2 points positifs.
Premièrement, on ne finit pas à l'hosto d'Oloron et deuxièmement, et le plus important, grâce à ce majestueux but, mon blog va retrouver la première place des favoris de Jean. Enfin une bonne chose!
Alléluia!!!!
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RépondreSupprimerChose promise chose due : ton blog restera bien parmi mes favoris, les conditions du contrat ayant été respectées. Par contre, si une fin à l'hosto aurait peut être permis de le placer au top 1, le récit que tu nous livres là ne détrônera pas la plume inimitable de JP et ses jérémiades encore plus exacerbées de ces dernières semaines !
RépondreSupprimerUn pur régal. Si je peux me permettre, il manque juste le topo des ouvreurs...
RépondreSupprimerTon plus beau message depuis près de 6 mois! Tu atteins là la quintessence du but (et je m'y connais!). Il manquait juste l'orage pour descendre pour en faire un collector!
Pour le matos que tu décris, je pense qu'une binette pour nettoyer les fissures doit aussi être bien utile...
On veut des sorties comme ça plus souvent(sans moi quand même si possible)! En ce qui me concerne,un seul message comme ça de temps en temps te place incontestablement top1 dans mes favoris (j'ai rarement pu lire ailleurs des buts aussi magnifiques)
Un lecteur assidu
Merci fabrice pour ces grands moments d ' alpinisme. Pour la binette de jp je préciserai à manche court pour éviter de se la casser...
RépondreSupprimerMichel depuis son matelas de Bagnere